Vous ce n’est pas pareil… vous avez de la chance !
Combien de fois aurais-je pu entendre cette exclamation.
Il me semble que la chance, cela pourrait être un souhait ou une attente aidée ou provoqué par le hasard.
Il faut alors être libre et disponible.
A mon avis avoir de la chance, c’est saisir une opportunité et la transformer à son avantage. Il faut oser… Oser avancer, quoi qu’il arrive.
A condition de savoir ce que l’on veut et encore mieux, ce que l’on ne veut pas.
Placé en pensionnat à l’âge de huit ans par une assistante sociale, suite au divorce de mes parents qui n’en finit pas et durera sept longues années, j’ai la chance d’avoir une institutrice qui m’encourage à dessiner et à peindre.
Etais-je prédisposé ?
Sans doute…
En tous cas, de ma prime jeunesse, naîtra une vocation qui restera intacte toute ma vie.
Encore aujourd’hui, à l’âge de 78 ans, je déborde d’idées et de projets.
Mes convictions et mon enthousiasme sont intacts…
Envers et contre toute ma famille, je choisirai ce métier « de clodo et de crève-la-faim ».
Dans les métiers d’artiste-peintre et sculpteur, on ne gagne pas sa vie du jour au lendemain, surtout quand on ne veut dépendre de personne. Alors on décharge des camions aux halles, on fait la plonge, barman ou serveur dans la restauration. De préférence la nuit pour pouvoir peindre le jour en prenant sur ses heures de sommeil.
Travailler, encore et encore, se perfectionner, étudier et pratiquer le métier auprès des Maîtres.
Apprendre la gravure, la lithographie, la sérigraphie. Tout cela, je l’ai fait humblement auprès des plus grands.
Dans les années 1965-1970 je découvre qu’il n’existe plus en France aucun aquarelliste ou pastelliste à part entière. Ces deux procédés sont devenus les parents pauvres des arts graphiques. Les peintres eux-mêmes ont tendance à dénigrer ces « techniques de jeunes filles de bonne famille » au point qu’elles disparaissent totalement et sont méconnues des amateurs et galeries d’art.
Je prends contact avec les fabricants de pastel, les suppliant de ne pas arrêter leurs machines, faute d’utilisateurs. Ils m’écoutent et me donnent des craies cassées qui me servent à convaincre de nouveaux adeptes en les mettant à leur disposition.
Il me faudra une bonne dose d’inconscience et de ténacité pour relancer et remettre à l’honneur des disciplines qui ont fait rayonner la France de Léonard de Vinci, en passant par le siècle des lumières jusqu’aux impressionnistes.
A force d’expositions didactiques, sans aucune aide, sans aucune subvention, j’ai éduqué et encouragé une nouvelle génération d’artistes, d’étudiants et de professeurs d’art.
J’ai organisé des expositions solo de mes pastels à travers le monde, New York, Los Angeles, Abu Dhabi, Oslo, Genève, Bruxelles, Paris etc…
Dans la plupart des expositions j’ai éduqué, instruit et partagé mon savoir d’une manière désintéressée, pour la pérennité de ce que je considère comme le plus beau matériau existant mis à la disposition d’un artiste.
De temps à autres, j’ai eu le bonheur d’être entendu par Chistine Debrie, conservatrice du musée Antoine Lécuyer à Saint Quentin, considéré comme le musée du pastel en France, ou par Monsieur René Monory qui mettra à ma disposition la totalité de l’orangerie du Sénat pour présenter une rétrospective.
Dans ces cas, le grand public s’intéresse, est présent et aime au point de battre des records d’affluence.
Certains me disent que dans un pays comme le Japon, j’aurais été nommé Trésor National depuis longtemps. Ah, Bon ?
Il semblerait que pour certaines instances étatiques et Ministères, mon expression serait trop personnelle. Que vouloir défendre l’aquarelle ou le pastel n’est pas à l’ordre du jour et ne semble plus dans l’air du temps.
Que ces arts visuels seraient devenus ringards…
J’ai voué toute ma vie à la beauté d’expressions graphiques que j’ai renouvelées et régénérées. Je les ai réinventées, promulguées, divulguées auprès du plus grand nombre.
Mission réussie : personne ne peut plus dire aujourd’hui, l’aquarelle ou le pastel, je ne connais pas.
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